Exposition aux traumatismes psychologiques chez les cadets de la GRC

Pourquoi avoir effectué cette étude ?

Les expositions à des événements potentiellement traumatisants sur le plan psychologique (ÉPTP) que vivent les membres de la Gendarmerie royale du Canada dans l’exercice de leurs fonctions pourraient contribuer à expliquer la prévalence de problèmes de santé mentale des agents, mais il est aussi possible que les expositions aux traumatismes vécues avant le début de leur service jouent un rôle. Des croyances de longue date suggèrent même que les troubles de santé mentale chez le personnel actif de la sécurité publique (PSP) soient le résultat de blessures de santé mentale préexistantes, que le processus de sélection pourrait activement viser à dépister. Pourtant, on en connaît très peu concernant la relation entre les expositions aux ÉPTP et la santé mentale des nouvelles recrues.

La présente recherche a été conçue dans le but de comprendre les ÉPTP vécus par les cadets de la GRC avant qu’ils entament le Programme de formation des cadets (PFC) de la GRC. Cette recherche procure : 1) une première évaluation des expositions à vie à des ÉPTP avant le PFC ; 2) les premières informations concernant les ÉPTP vécues par les cadets et identifiées comme étant les pires ou les plus troublantes ; 3) des informations concernant les différences des expositions à des ÉPTP entre les groupes sociodémographiques ; et 4) la clarification de la relation entre les expositions aux ÉPTP et les troubles de santé mentale.

Qu’est-ce que l’étude a accompli ?

La présente étude s’appuie sur les données d’une plus grande étude de la GRC sur 10 ans, conçue pour développer, déployer, et évaluer l’impact des compétences enseignées, afin de mieux protéger les membres contre les blessures de stress post-traumatique (BSPT). Vous pouvez consulter le sommaire de recherche du protocole de l’étude, déjà publié ici.

Un total de 772 cadets qui ont commencé le PFC ont répondu à un sondage évaluant les expositions auto-déclarées aux ÉPTP selon la liste de vérification des expériences de vie pour la 5e édition enrichie du Manuel diagnostique et statistique de troubles mentaux (DSM-5). La liste évalue l’exposition à 17 différents types d’ÉPTP au cours d’une vie. Ces données sont ensuite comparées aux données déjà recueillies auprès de la population générale ainsi qu’à un échantillon varié de membres actifs du PSP au Canada, y compris les membres actifs de la GRC.

Qu’a-t-on découvert ?

Les cadets participants ont rapporté être exposés plus souvent et à un plus grand nombre de différents types d’ÉPTP que la population générale, mais significativement moins que les membres actifs de la GRC et d’autres membres du PSP au Canada. Les différences de la fréquence des expositions ont été constatées dans toutes les catégories sociodémographiques, y compris le sexe et une expérience antérieure comme membre du PSP ou comme militaire. Les accidents graves de la route, les agressions physiques, et les morts accidentelles subites ont été identifiés comme étant les « pires » événements vécus avant d’entrer au PFC, et ont tous été associés au dépistage positif d’un, ou de plus d’un, trouble de santé mentale.

Les résultats suggèrent que les ÉPTP seraient associés aux problèmes de santé mentale, et que les cadets pourraient être particulièrement résilients, en se basant sur le fait que peu de cadets ont obtenu un résultat positif de trouble de santé mentale malgré le niveau plus élevé d’expositions aux ÉPTP que celui de la population générale. En tenant compte des expositions relativement fréquentes aux ÉPTP chez les cadets, et des données récentes (voir Carleton et al, 2023) voulant que les nouveaux cadets aient une santé mentale plus saine que la population générale, les expositions antérieures aux ÉPTP ne semblent pas expliquer les niveaux élevés de BSPT au sein des membres actifs de la GRC, et par extension des membres actifs du PSP. Les antécédents d’expositions relativement fréquentes et diverses à des ÉPTP chez les cadets qui entament le PFC suggèrent que les cadets pourraient avoir été motivés par leurs expériences pour choisir une carrière dans les corps policiers et aider autrui.

Quelles mesures prendre maintenant ?

Les résultats actuels fournissent les premières informations concernant les antécédents en expositions aux ÉPTP des cadets en comparaison à la population générale, aux membres actifs de la GRC et des autres membres du PSP au Canada. Les résultats indiquent qu’avant de commencer le PFC, les cadets ont vécu un plus grand nombre d’ÉPTP que la population générale, mais beaucoup moins que les membres actifs du PSP ou de la GRC, renforçant la preuve que les problèmes de santé mentale au sein des populations actives du PSP sont le résultat des expériences en service, plutôt que de problèmes de santé mentale ou d’expositions à des ÉPTP préexistants.

Les participants à l’étude étaient principalement des hommes (72,0 %), donc il faudrait davantage de recherche pour comprendre comment les expositions à des ÉPTP particulières pourraient toucher les cadets et les cadettes de manière différente. La recherche supplémentaire permettrait d’adapter les stratégies de soutien, les politiques, et la recherche future.

Basé sur la présente étude, l’examen des antécédents en expositions aux ÉPTP des cadets peut : aider au recrutement et à la rétention des membres de la GRC en informant sur les raisons pour lesquelles les personnes choisissent une carrière en maintien de la loi ; déterminer les facteurs de risque pour de futurs problèmes de santé mentale ; et façonner la formation et les ressources nécessaires afin de protéger la santé mentale tout au long d’une carrière.

Les résultats contribuent à faire avancer le tout premier Plan d’action national sur les Blessures de stress post-traumatique au Canada, y compris un investissement supplémentaire afin de soutenir la santé mentale et le bien-être des membres du personnel de la sécurité publique.

L’Étude de la GRC est appuyée par la GRC, le gouvernement du Canada, et le ministère de la Sécurité publique et de la Protection civile. L. M. Lix est titulaire de la Chaire de recherche du Canada sur les méthodes d’amélioration des données électroniques sur la santé. T. O. Afifi est titulaire de la Chaire de recherche du Canada sur les traumatismes de l’enfance et la résilience. Asmundson est titulaire d’une chaire de recherche du Président de l’Université de Regina. Le développement, les analyses et la diffusion de l’article actuel ont été soutenus grâce à une généreuse subvention de la Fondation Medavie.

La formulation d’origine de cette étude a été modifiée et abrégée pour ce sommaire de recherche.

Étude d’origine :
Andrews, K. L., Jamshidi, L., Nisbet, J., Brunet, A., Afifi, T. O., Asmundson, G. J. G., Fletcher, A. J., Maquire, K. Q., Teckchandani, T. A., Lix, L., Sauer-Zavala, S., Sareen, J., Keane, T. M., Carleton, R. N. Potentially Psychologically Traumatic Event Exposure Histories of new Royal Canadian Mounted Police Cadets. The Canadian Journal of Psychiatry. 2023. doi/10.1177/07067437221149467

Consultez l’étude complète ici

Rédigé par K. Vincent

 Note : Dans le texte, le genre masculin est utilisé au sens neutre et désigne les femmes autant que les hommes.

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