Suivi du Cadre fédéral relatif au trouble de stress post-traumatique (TSPT): l'Étude longitudinale de la Gendarmerie royale du Canada (GRC)

Pourquoi avoir mené cette étude?

Les membres de la Gendarmerie royale du Canada (GRC), tout comme le personnel de la sécurité publique (PSP), sont souvent exposés à des événements potentiellement traumatisants sur le plan psychologique (ÉPTP) et sont donc plus sujets aux blessures de stress post-traumatique (BSPT). Une étude de prévalence réalisée par Carleton et coll. en 2018 révélait que 50 % des agents de la GRC étaient atteints d’un trouble de santé mentale avéré. Il n’existe cependant que très peu d’études sur la façon de protéger le PSP contre les BSPT. La GRC participe au Cadre fédéral relatif au trouble de stress post-traumatique visant à :

• développer et déployer un système d’évaluations annuelles, mensuelles et quotidiennes en continu fondé sur des données probantes, et en mesurer l’impact;
• améliorer le programme de formation des cadets par le développement d’aptitudes fondées sur des données probantes et susceptibles de prévenir les BSPT.

Méthodologie de l’étude

Deux groupes de cadets participent à l’étude.

Formation améliorée: Cette formation consiste en un programme de 13 semaines fondé sur le protocole unifié pour le traitement transdiagnostique des troubles émotionnels destiné à contrer un vaste éventail de troubles de santé mentale liés à l’anxiété et à la dépression. Ce nouveau programme, nommé Formation en résilience émotionnelle (ERST), est adapté pour la GRC et fait partie de la formation dispensée à la Division Dépôt de la GRC.

Variables des évaluations formelles :

• données démographiques;
• mesure des symptômes de troubles de santé mentale;
• mesure des facteurs environnementaux auxquels sont exposés les participants (p. ex., exposition à des ÉPTP) et des différences individuelles (p. ex., traits de personnalité, connaissances en matière de santé mentale);
• entrevue clinique structurée.

Chez les participants du Groupe 2, on évaluera aussi la rétention des connaissances acquises dans le cadre de la formation améliorée.

Évaluations mensuelles: Celles-ci sont faites par les participants et elles les renseignent sur leur santé mentale actuelle et sur l’évolution de celle-ci dans le temps. Grâce à ces évaluations, les participants pourront recourir plus tôt à des soins fondés sur des données probantes.

Évaluations quotidiennes: De courts sondages quotidiens permettent aux participants de se pencher sur leur état de santé mentale et physique et d’en compiler les données en temps quasi réel. Les participants peuvent aussi colliger les heures de travail, les heures de sommeil, la qualité du sommeil, ce qu’ils mangent, les activités sociales, la consommation de substances, les problèmes de jeu, l’exposition à des ÉPTP et tout autre facteur significatif. Le résultat est un dossier détaillé qui peut aider le participant à prendre soin de sa santé mentale.

Mesures biométriques: Elles permettent aux participants de surveiller quotidiennement leur rythme et leur santé cardiaque en temps quasi réel.

Que veulent apprendre les chercheurs?

Les résultats de l’étude apporteront d’importants renseignements sur la santé mentale des agents de la GRC, du début de leur formation jusqu’à la cinquième année de service. Les chercheurs espèrent notamment répondre aux questions suivantes:

1. Y a-t-il un lien entre les BSPT présentes chez les agents de la GRC et les variables suivantes : démographie (p. ex., âge, sexe, éducation), expériences (p. ex., stress opérationnel ou organisationnel, exposition à des ÉPTP) et autres (mesure du risque et de la résilience).
2. Au fil du temps, les BSPT varient-elles en fonction de l’individu parmi les agents de la GRC?
3. Les outils d’auto-évaluation ont-ils eu un impact favorable sur la santé mentale des participants?
4. Le programme de formation amélioré s’est-il traduit par une plus grande résilience chez les participants?
5. Le programme de formation amélioré s’est-il traduit par une diminution du nombre de BSPT ou de leur gravité?

Les cadets ayant suivi la formation améliorée devraient jouir d’une meilleure santé mentale que les cadets ayant suivi la formation standard. Les chercheurs s’attendent ainsi à une amélioration de la santé mentale des participants grâce aux évaluations et à la rétroaction constantes, outils auxquels les cadets de la formation standard n’ont pas eu accès.

On reconnaît déjà l’importance de ce genre d’étude dans d’autres secteurs de la sécurité publique. Des membres de la police municipale, des paramédics et des pompiers en service ont en effet déjà reçu la formation en résilience émotionnelle dans le cadre d’une étude parallèle. Les chercheurs veulent démontrer que cette formation peut bénéficier à tous les membres du PSP.

La version originale de l’étude a été remaniée et abrégée pour le présent sommaire de recherche.

Étude d’origine :

Carleton, R. N., Krätzig, G. P., Sauer-Zavala, S., Neary, J. P., Lix, L. M., Fletcher, A. J., Afifi, T. O., Brunet, A., Martin, R., Hamelin, K. S., Teckchandani, T. A., Jamshidi, L., Maguire, K. Q., Gerhard, D., McCarron, M., Hoeber, O., Jones, N. A., Stewart, S. H., Keane, T. M., Sareen, J., Dobson, K., & Asmundson, G. J. G. (2022). The Royal Canadian Mounted Police (RCMP) Study: Protocol for a Prospective Investigation of Mental Health Risk and Resiliency Factors. Health Promotion and Chronic Disease Prevention in Canada: Research, Policy and Practice, 42(8). https://doi.org/10.24095/hpcdp.42.8.02, 42(8). https://doi.org/10.24095/hpcdp.42.8.02.

Sommaire préparé par E. Kossick, révisé et édité par R. N. Carleton.

Note : Dans le texte, le genre masculin est utilisé au sens neutre et désigne les femmes autant que les hommes.

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