Douleur chronique parmi les cadets de la GRC
Pourquoi avoir effectué cette étude ?
Près de la moitié (43,4 %) des agents de la Gendarmerie royale du Canada (GRC) rapportent ressentir de la douleur chronique ; dont la plupart (91 %) indiquent que la douleur a commencé après leur service à la GRC. À ce jour, aucune étude n’a fourni de données de référence sur la prévalence de la douleur chronique parmi les cadets de la GRC qui entament le Programme de formation des cadets (PFC). Établir des estimations de référence de la douleur chronique parmi les cadets peut aider à déterminer si les facteurs de risques professionnels contribuent aux taux élevés de douleur chronique rapportés par les agents actifs de la GRC. Des liens existent entre la douleur chronique et divers troubles de santé mentale chez les agents de la GRC ; par conséquent, la prévalence de la douleur chronique chez les cadets pourrait donner une idée de l’impact qu’a le service sur le bien-être mental et physique.
Qu’est-ce que l’étude a accompli ?
La présente étude fait partie de la plus vaste Étude de la GRC, conçue pour évaluer l’impact des compétences enseignées afin de mieux protéger les membres contre les blessures de stress post-traumatique (BSPT). Vous pouvez consulter en ligne le sommaire de recherche du protocole de l’étude de la GRC, déjà publié ici.
L’étude actuelle a été conçue afin d’établir des estimations de la prévalence de la douleur chronique chez les cadets, et d’évaluer les différences sociodémographiques entre les participants. Au total, 770 cadets de la GRC entamant le PFC ont participé, et en répondant au questionnaire sur la douleur chronique, ont identifié la partie du corps touchée, l’intensité, et la durée de leur douleur chronique.
Qu’a-t-on découvert ?
Peu de cadets de la GRC (10 %) ont rapporté ressentir de la douleur chronique au début du PFC, un taux plus faible que celui rapporté par la population générale du Canada (1 sur 4 ; soit, 25 %), et plus faible que les résultats publiés pour la GRC. Des cadets qui ont rapporté de la douleur chronique, 65,8 % étaient des hommes. Les cadettes ont rapporté une douleur plus intense au bas du dos que les hommes. Les cadets plus âgés (40 à 49 ans) étaient plus susceptibles de déclarer ressentir de la douleur chronique que les cadets âgés de 39 ans et moins, confirmant l’âge comme étant un facteur qui contribue à la douleur chronique. La présente étude n’a pas complètement examiné la cause des rapports de douleur chronique, mais les cadets ont rapporté percevoir la cause de leur douleur chronique comme étant : liée au service actif (13,2 %), liée à une blessure au travail autre que le service actif (11,8 %), liée à une blessure hors du travail (28,9 %), ou ils étaient incertains de la cause (18,4 %). Les données ont été recueillies au début du PFC ; donc, les cadets qui ont rapporté une douleur liée au travail ou au service actif faisaient référence à du service autre qu’à la GRC. Les cadets qui avaient servis comme membre du personnel de la sécurité publique (PSP) n’étaient pas plus susceptibles que les cadets qui ne possédaient pas cette expérience de rapporter de la douleur chronique.
Parmi les cadets, la douleur au bas du dos était la plus intense et la plus commune forme de douleur chronique. De même, parmi les membres de la GRC, la douleur au bas du dos était rapportée comme étant la plus intense et la plus fréquente forme de douleur chronique vécue. La prévalence de la douleur au bas du dos était plus élevée parmi les agents de la GRC (54 %) que chez les cadets (34,2 %), probablement dû aux expériences et aux activités liées à l’exercice de leurs fonctions, comme porter le ceinturon de service, être longtemps assis, et passer du temps dans des véhicules de police.
Les niveaux d’activité physique pourraient expliquer en partie les différences de la prévalence de la douleur chronique. Les niveaux d’activité physique peuvent différer entre les cadets qui doivent atteindre une norme précise de conditionnement physique, et les membres de la GRC chez qui le conditionnement physique peut dépérir au cours des années de service, à cause de plusieurs facteurs professionnels. La recherche antérieure a indiqué que l’activité physique peut réduire le risque de ressentir de la douleur chronique.
Quelles mesures prendre maintenant ?
Les résultats de l’étude en cours permettent de continuer à avancer le tout premier Plan national d’action relatif aux Blessures de stress post-traumatique au Canada, dont un investissement supplémentaire pour soutenir la santé et le bien-être des membres du personnel de la sécurité publique.
La prévalence de douleur chronique rapportée par les cadets de la GRC au début du PFC était plus faible que les résultats publiés pour la GRC, suggérant que les facteurs de risque professionnels expliquent probablement la prévalence plus élevée de douleur chronique vécue par les agents. La prévalence élevée de douleur chronique parmi la GRC pourrait être causée ou impactée par les fonctions professionnelles, l’équipement de travail, les véhicules de travail, les niveaux d’activité physique, et la prévalence plus élevée de symptômes de trouble de santé mentale (une comorbidité de la douleur chronique), plutôt qu’être uniquement liée au vieillissement normal. Davantage de recherche pourrait informer des stratégies fondées sur des données probantes visant à atténuer la douleur chronique parmi la GRC, ainsi que des soutiens en santé mentale proactifs qui pourraient appuyer le recrutement et la rétention, et atténuer les risques de problèmes de santé mentale et physique.
L’Étude de la GRC est financée par la GRC, le gouvernement du Canada, et le ministère de la Sécurité publique et de la Protection civile. Le développement, les analyses et la diffusion du présent article ont été possibles grâce à une généreuse subvention, très appréciée, de la Fondation Medavie.
R. N.Carleton est appuyé par ICRTSP, les Instituts de recherche en santé du Canada, le ministère de la Sécurité publique et de la Protection civile du Canada, la Gendarmerie royale du Canada, et une subvention de projet de la Fondation Medavie. G. J. G. Asmundson est titulaire d’une chaire de recherche du Président de l’Université de Regina.
La formulation originale de cette étude a été modifiée et abrégée pour le présent sommaire de recherche.
Étude d’origine :
Shields, R. E., Teckchandani, T. A., Andrews, K. L., Ahlgrim, B., Caissie, D. M., Hembroff, C. C., Nisbet, J., Asmundson, G. J. G., Krätzig, G. P., & Carleton, R. N. (2024). Prevalence of current chronic pain in Royal Canadian Mounted Police cadets. Canadian Journal of Pain, 8(1), Article 2354394. doi:10.1080/24740527.2024.2354394
Rédigé par K. Vincent